Le 3 septembre 1944, l’armée allemande en déroute met le feu au Palais de Justice. Feu d’artifice de la Libération ou dernier pétard sinistre lancé par l’occupant ? Chronique de l’incendie du Palais de Justice.

Il n’est rien de plus dangereux qu’un animal blessé. L’armée allemande se savait vaincue en cette fin d’été 1944. Le 1er septembre, plusieurs bataillons se réfugient dans le Palais de Justice, colosse qui domine tout Bruxelles. Ils y installent des mitrailleuses pointant vers la Place Poelaert et les quartiers populaires alentours. Pendant 2 jours, c’est le calme plat. RAS. Mais le 3 septembre en début ‘après-midi, tout s’accélère. On voit des soldats courir sur les toits, monter et descendre de la coupole aux sous-sols. On déverse des bidons -probablement de l’essence- sur toutes les plateformes et tous les promontoires du bâtiment. Les troupes allemandes quittent peu à peu les lieux durant l’après-midi.

…C’est vers 17h00 que retentit la première explosion. Un bruit fracassant assourdit le quartier. C’est la coupole de l’édifice bâtit par Joseph Poelart, et dont les travaux ont été achevés à peine 60 ans plus tôt, qui part en fumée. Le cuivre du dôme, liquéfié par la chaleur, s’écoule dans la Salle des Pas Perdus 80 mètres plus bas. Des poutrelles d’acier de plusieurs tonnes s’effondrent comme un jeu de Mikado. Le feu se propage rapidement au reste du Palais grâce à des bombes incendiaires placées un peu partout dans les étages. En à peine quelques heures le Palais de Justice n’est plus qu’une torche qui va illuminer Bruxelles pendant toute la nuit. L’incendie du Palais de Justice va marquer la ville et ses habitants à tout jamais.

Reconstruire, moderniser, conserver

L’incendie a fat énormément de dégâts. Le Palais de Justice doit être reconstruit. C’est le conservateur des lieux, Albert Storrer, qui sera l’architecte de ces importants travaux. Storrer va mettre un point d’honneur à conserver l’œuvre de Poelaert, tout en ne manquant pas l’occasion unique de moderniser l’édifice et de l’adapter aux nouveaux besoins de la Justice moderne. En concertation avec des architectes, des entrepreneurs, mais surtout avec des magistrats et de nombreux professionnels de la Justice, Albert Storrer va rénover et moderniser le colosse de la Place Poelaert en un temps record. Les travaux s’étalent entre 1947 et 1952. Légèrement plus rapide que les travaux de rénovation actuels, en cours depuis…. quand déjà ?

On vous parle du Palais de Justice, de sa construction à sa rénovation sans fin, en passant par les travaux d’après-guerre, lors de notre visite guidée Bruxelles : 1000 Ans de Luttes dans les Marolles.